SCULPTURE
Le vingtième siècle, période d’effervescence et d’expérimentations, réunit des sculpteurs de tous horizons et de tous mouvements, mus par des recherches plastiques diverses, toutefois centrées sur la construction d’une nouvelle image de l’homme moderne – dépassant la tradition et le naturalisme figé hérité de la sculpture du siècle précédent. L’histoire de la sculpture du vingtième siècle ne peut ainsi se raconter de façon linéaire. Au XIXe, l’académisme et les salons régnaient en maître – seul Edgar Degas, avec sa Petite Danseuse de quatorze ans, avait réussi à transgresser l’esthétique naturaliste qui dominera jusque dans les années 1880. Aussi, c’est véritablement Auguste Rodin, père de la sculpture moderne, qui apportera les clés du changement profond opéré en sculpture au tournant du siècle – lequel influencera toutes les générations de sculpteurs lui succédant. Affirmant la liberté et l’expression du mouvement, ainsi que l’autonomie du fragment, Rodin bousculera à tout jamais les codes de la statuaire moderne. L’impulsion de modernité qu’il lança se ressentit alors sur l’art de ses praticiens – bien que nombre d’entre eux réussirent à créer leur propre voie. On pense ici à Camille Claudel, Émile-Antoine Bourdelle, Charles Despiau, François Pompon, et inévitablement aux membres de la « Bande à Schnegg » (Lucien Schnegg, Gaston Schnegg, Léon-Ernest Drivier, Robert Wlérick, Louis Dejean, Alfred Jean Halou, Jane Poupelet, Yvonne Serruys, etc.), qui fréquentèrent tous l’atelier du maître de Meudon. À cela s’ajoutent les tenants d’un classicisme renouvelé, dont la figure majeure, Aristide Maillol, développera un style marqué par la synthèse et la simplicité qui aura un retentissement majeur. Siècle des modernités, le vingtième siècle abolira la frontière entre les arts. Les explorations plastiques initiées par les artistes touchèrent à la fois peinture et sculpture ; certains s’intéressèrent aux recherches de plusieurs mouvements d’avant-garde. Aussi, dans le sillage d’Edgar Degas, Auguste Renoir et Paul Gauguin, de nombreux peintres s’essayèrent à l’art de la sculpture, comme pour poursuivre les expérimentations. Les premières recherches autour de l’abstraction rassemblent des artistes comme Constantin Brancusi, Marcel Duchamp (et son ready-made), Jacques Lipschitz, Alexandre Archipenko, Umberto Boccioni. Certains se rapprochèrent du cubisme, et des figures de Pablo Picasso et Georges Braque, Henri Laurens, Ossip Zadkine. Suivant la tendance surréaliste, alliant abstraction et naturalisme, apparaissent Salvador Dali, Meret Oppenheim, un Alberto Giacometti qui très vite versa dans une figuration semi-abstraite unique, ou un Hans Arp qui s’orienta vers une abstraction organique – également adoptée par les britanniques Henry Moore et Barbara Hepworth. En parallèle, dans la veine de la mouvance Art Déco – laquelle oscilla entre classicisme, modernisme et éclectisme – se distinguent des sculpteurs aux tendances assez diverses comme Alfred Janniot, Raymond Delamarre, Paul Landowski, Mahmoud Mouktar, les frères Jan et Joël Martel, Joseph Csaky, Bela Vörös, Chana Orloff, Gustave Miklos, Demeter Chiparus, Étienne Cournault, Marcel Bouraine, Max Le Verrier, ou encore François Pompon, Édouard-Marcel Sandoz pour la sculpture dite animalière. L’image de l’homme, bien que centrale et inhérente à l’art de la sculpture, n’occupa pas exclusivement le travail des sculpteurs. La sculpture animalière est un sous-genre de grande importance dans ce domaine. Longtemps cantonnée à l’enseignement académique, et tenue pour art mineur, elle évolua à la fin du XIXe siècle par l’étude de l’anatomie des animaux, rendue possible grâce à l’apparition des parcs et jardins zoologiques, et des Expositions Universelles. L’animal – non plus représenté de manière mythologique – fut alors sculpté selon la réalité de sa physionomie par une nouvelle école de sculpture, menée par Antoine-Louis Barye. Plus encore, avec l’influence de Rodin au tourant du siècle, l’étude de la psychologie même de l’animal, de ses mouvements, intéressa les sculpteurs, à l’instar de Rembrandt Bugatti, François Pompon, Paul Jouve, Édouard-Marcel Sandoz, Roger Godchaux, Armand Petersen (ainsi que d’autres membres du Groupe du Jardin des Plantes), Gaston Le Bourgeois, Maurice Roger Marx, Georges-Lucien Guyot, Jean-Louis Vuilleumier, François-Xavier Lalanne, pour ne citer qu’eux.