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SUCCESSION
SIMONE BAUQUIER

ADER NORDMANN & DOMINIQUE
HÔTEL DROUOT
PARIS
26 SEPTEMBRE
2025
RÉSULTAT
616.798 €

Fernand Léger et les arts décoratifs
la quête d'un art mural

Fernand Léger (1881-1955), peintre avant-gardiste majeur célébré pour ses tableaux tubistes et son engagement pour un art ouvert à tous, s’illustra également dans le domaine des arts décoratifs durant les dernières années de sa vie. Loin de marquer une rupture avec sa peinture, cette incursion incarnera un véritable prolongement de son esthétique, et de sa volonté de décloisonner les disciplines pour rendre l’art accessible. Dès les années 1920, Léger poursuivra l’idée d’un art dit «mural », fusion entre la peinture et l’architecture. Collaborant avec Le Corbusier (1887-1965) ou encore Charlotte Perriand (1903-1999), et lui-même architecte de formation, il explorera des champs plastiques nouveaux afin de « libérer » ses peintures de leur cadre et de les intégrer à la vie quotidienne et au paysage. Ces recherches lui offriront un terrain d’expérimentation inédit où pourront se conjuguer ses trois indispensables, à savoir la couleur, le volume et l’architecture. C’est toutefois à la fin des années 1940, à son retour des États-Unis, que sa quête pour un art mural prendra un tournant décisif. Succédant aux décors muraux et aux tapisseries exécutées dans les années 1930, sa rencontre avec le matériau céramique en 1949 – dans l’atelier de son ancien élève Roland Brice (1911-1989) – sera déterminante. Les possibilités plastiques et techniques qu’offrent la terre accentueront de fait la synthétisation et la géométrisation des formes, ainsi que la puissance des contrastes, indissociables de son langage artistique. Léger y appliquera, avec l’aide de Brice, l’opposition des pleins et des creux, un principe qui traverse son travail depuis ses premières œuvres et qui trouvera ici une résonance inédite. Entre 1950 et 1955, Fernand Léger imagine ainsi de nombreuses pièces en céramique, à savoir des panneaux muraux, bas-reliefs ou sculptures en ronde-bosse. Contrairement à d’autres peintres s’étant intéressés à ce médium à la même époque, Léger lui ne décorera pas des objets usuels, mais entendra plutôt traduire ses motifs en éléments décoratifs. Roland Brice en sera l’interprète ; ses reliefs en terre crue seront ensuite corrigés et mis en couleur par le peintre. Les thématiques de ses œuvres céramiques reprendront celles de sa peinture, à l’instar des figures humaines et animales stylisées, ou encore des motifs végétaux et architecturaux. Fidèle à son vocabulaire plastique, il y emploiera des formes simplifiées aux contours nets et des couleurs vives, qu’il combinera ou alternera sur des modèles identiques, toujours dans une perspective volumétrique. Poursuivant son objectif d’un art mural, l’une de ses premières œuvres en céramique prendra sans surprise des dimensions monumentales. Léger créera en effet en 1951 un important bas-relief de deux mètres sur trois intitulé Femmes au perroquet, au motif issu de sa peinture, qui nécessitera un grand travail préparatoire et la fabrication de 25 moules. Suivront d’autres œuvres, commandes et décorations, dont la plus importante, faite de mosaïques et de deux immenses hauts-reliefs en céramique, réalisée après sa disparition, orne aujourd’hui la façade principale du musée qui porte son nom. Évoluent également dans les jardins de cette institution, des sculptures céramiques monumentales, qui font écho à sa volonté d’insertion de l’art dans le paysage. L’expérience de la céramique, et plus largement des arts décoratifs, participera de toute évidence de l’évolution ultime de l’œuvre de Fernand Léger. Après la Seconde Guerre mondiale, il accordera une importance croissante à l’art mural et à de nombreux supports comme la terre, le textile, la mosaïque ou le vitrail. La «nécessité du mur » deviendra pour lui une évidence : elle lui permettra de démocratiser l’art moderne, de le faire pénétrer dans la vie quotidienne et de favoriser des réalisations en équipe. Ses projets muraux et tapisseries des années 1930 en portaient déjà les prémices, mais c’est particulièrement à travers la céramique monumentale qu’il parviendra à concilier pleinement couleur, volume et architecture, dans une œuvre accessible, faite de contrastes et de vitalité.

CÉRAMIQUES

BRONZES

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