ADER NORDMANN & DOMINIQUE
HÔTEL DROUOT
PARIS
VENTE #1
9 OCTOBRE 2025
11
VENTES
une collection, 11 ventes
Ceramique_50 ; qui, parmi les amateurs et les professionnels de la céramique d’après-guerre, ou plus largement des arts décoratifs du XXe siècle, ne connaît pas et/ou n’a pas suivi, durant les quinze dernières années, ce pseudo, au départ celui d’un blog devenu par la suite celui d’un compte Instagram ? Personne, assurément. Quinze années de publications, presque quotidiennes, portant sur les créateurs de cet art du feu, ses différentes écoles, ses nombreux lieux à travers le pays, son marché, ses marchands, ainsi que les expositions et les salons qui y furent consacré - des interventions riches, longues, pertinentes, toujours dans une syntaxe parfaite (bien peu courant sur les réseaux sociaux), poussant à l’échange et incitant à la découverte. Quinze ans et plus de 13.000 followers plus tard, ce compte Instagram est incontestablement celui ayant rassemblé le plus d’inconditionnels de ce domaine spécifique de l’art mais aussi celui qui a su générer le plus de nouvelles vocations autour de la céramique française des années 1950 à la période contemporaine. Derrière ce pseudo, un homme, Pascal Marziano, devenu, dans un espace-temps relativement court, une (la) référence en matière de collection d’œuvres en céramique d’après-guerre – un prénom et un nom devenus incontournables dans la moindre discussion portant sur le sujet. Pascal, s’est lancé à corps perdu dans cette passion, a plongé dans l’accumulation de connaissances sur le sujet et s’est lancé dans un course effrénée d’acquisitions d’œuvres ; parallèlement, il a su très rapidement s’entourer des avis précieux des meilleurs professionnels, à l’instar de Thomas Fritsch, d’Alain Lebreton, de Karim Mehanna, des Capazza, d’Alexis Mostini, et de bien d’autres, qui lui ont, sans retenue et généreusement, prodigué les conseils des plus aiguisés, forts de leur expérience. Notre collectionneur, professionnel du timbre rare, avait su auparavant constituer une importante et précieuse collection philatélique ; dispersée il y a un peu moins de vingt ans, son produit financier lui a permis d’entamer, avec les moyens ad hoc, sa quête de vases, coupes et autres sculptures d’après-guerre vers laquelle son intérêt pour la peinture abstraite de la période l’avait naturellement poussé. La collection s’est formée à l’origine autour de la céramique monochrome et très colorée avec ses plus grands représentants – Georges Jouve, Jacques et Dani Ruelland, Pol Chambost, etc.- ceux dont les œuvres renvoient immédiatement aux Trente glorieuses et plus particulièrement aux années 1950. Rapidement, notre collectionneur a su élargir son horizon, tant géographique, ne se limitant pas à la céramique vallaurienne, aixoise ou parisienne, que dans le temps, puisqu’il poussa jusqu’à la période contemporaine, que dans les matériaux - la faïence, le grès, la porcelaine, la terre de brique ; rien n’était exclus. Il a aussi fait preuve d’audace, opérant parfois des choix sur des pièces d’artistes peu ou pas (re)connus, ne se fiant ainsi qu’à son rapport à l’œuvre qui lui était soumise avant de l’acquérir, sans autre considération – l’avenir, dans une bien courte période, lui ayant souvent donné raison. Mais, avant tout, il a réussi à capter ou ne pas laisser passer certains chefs-d’œuvre aux prix parfois (souvent) de très importants sacrifices. Les grands collectionneurs se reconnaissent, nous le savons tous, à leur capacité à remplir ces deux derniers critères. Pascal Marziano n’a pas reculé devant les efforts à fournir, traversant la France entière (et quelques pays limitrophes) pour se rendre à un salon, parcourant sans relâche les allées des PAD, des FAB et autres Design Miami/Basel et Design Miami/Paris etc., à une exposition, aux Puces de Saint-Ouen ou dans les galeries tant à Paris qu’en région, tout particulièrement de la Côte d’Azur – de surcroît, tout cela en train, faisant de lui l’homme à la mobilité la plus écologique et à l’impact environnemental minimal. Chacun se souvient de photographies postées sur lesquelles on le voit chargé d’immenses bagages (remplis de céramiques) et/ou dormant en gare en attendant un correspondance, les gares Saint-Charles à Marseille, Lyon-Perrache, Paris-Montparnasse et bien d’autres encore n’ayant plus de secret pour lui. Quinze années durant lesquelles Pascal Marziano s’est entrepris tout entier à la constitution d’une collection de référence, ne comptant ni son énergie, ni l’argent dépensé, ni les déceptions (il y en a toujours dans ce genre d’aventure). Après plus de quinze années passées à assouvir sa passion, Pascal, nous le comprenons aisément, a décidé d’orienter sa vie différemment en améliorant et libérant son espace de vie surchargé, c’est peu de la dire, en se donnant le temps de voyager (dans des conditions décentes) et de faire des rencontres en dehors du milieu du marché de l’art. Entre-temps le trentenaire est devenu quinquagénaire, non qu’il considère avoir fait le tour du sujet, son humilité ne peut lui laisser le penser, mais il aspire à s’ouvrir à de nouvelles passions, tout particulièrement humaines. Aussi, le temps est venu de la dispersion ; organiser l’éloignement de ses « colocataires » n’a pas été chose facile, le choix a été murement réfléchi – ne lui restait plus qu’à définir le comment, où et quoi . Comment : par le biais d’une vente aux enchères. Impossible de céder près d’un millier de pièces d’une autre manière si ce n’est au risque de se séparer des pièces les plus importantes en ayant du mal à négocier les œuvres plus confidentielles. Où : À Paris, place forte de ce marché. Restait à choisir la maison de ventes. Le nom Ader s’est imposé à lui grâce à son implication et sa place de premier plan dans les arts décoratifs du XXe siècle et tout particulièrement dans le domaine de la céramique. Il se savait, dans ce choix, tout particulièrement assuré que tant les chefs-d’œuvre qu’il chérissait que les pièces plus confidentielles aux auteurs en devenir seraient mis en avant et honorés de la même façon dans les différentes sessions – le projet commun entre le collectionneur et la maison de ventes est avant tout de laisser la trace du Regard Marziano. Quoi : La totalité des œuvres, si ce n’est quelques fétiches gardés pour des raisons personnelles. La dispersion en 11 épisodes s’articulera autour de ventes composites (plusieurs artistes, plusieurs mouvements, plusieurs matières, plusieurs périodes) et des ventes dédiées (ex. Pol Chambost, Les Anasse, Eugène Fidler, Les contemporains, La couleur, Les maître de l’émail, etc.) sur presque deux années. La première vente à ouvrir la voie est celle de ce vendredi 8 octobre organisée en Salle 9, véritable écrin de l’Hôtel Drouot. Le programme donne le tournis – on y croisera (et pourra acquérir) des œuvres majeures d’Élisabeth Joulia dont un vase fascinant de 1958 parmi un quinzaine de créations (Oiseau, Boutons de roses, Clé d’Égypte, etc.), d’Yves Mohy avec une grande Lentille, une importante lampe Architecture et une imposante sculpture, de François Raty à travers un monumental bucrane de grès et des Chouettes ayant fait sa réputation, de Norbert Pierlot représenté, en autres pièces, par un spectaculaire vase évoquant une ruche, etc. Georges Jouve (miroir, vase Grande Pomme et vases Cylindre), Jacques et Dani Ruelland (Orgue aux rares et subtils coloris, grand vase lenticulaire, Pyramide), Pol Chambost (Cactus, Corolle, Buste, etc.), Roger Capon (dont une très rare lampe-sculpture A7) Valentine Schlegel (un très grande coupe, une bouteille, plusieurs sculptures), Jean Derval (dont un fameux bas-relief Poissons) enrichissent la vacation. Jacques Pouchain, Robert Picault ; les frères Cloutier, Robert Deblander, Mado Jolain, Denise Gatard, Albert Diato, Gilbert Valentin, Jacques Sagan, Les 2 Potiers, Les Argonautes, Alice Colonieu, Rémi Bonhert, Antoine de Vinck, Juliette Dérel, Jean et Jacqueline Lerat, etc. seront aussi de la partie , chacun introduit dans cette première session par des pièces de tout premier plan. Bien entendu, l’attrait de Pascal pour la céramique d’après-guerre ne s’éteindra pas avec ces différentes ventes de La vraie Collection Marziano #1 à #11, mais le partage, à travers ces dispersions, prendra la place qui était jusque-là dévolue au besoin d’acquérir et de collectionner. E.E.